Monsieur le Préfet Jacques Witkowski
Monsieur le Sénateur Jean-Pierre Grand,
Monsieur le Doyen de la Faculté de Médecine, Michel Mondain,
Madame Danièle Aben, présidente de la société des membres de la Légion d’honneur de l’Hérault
Monsieur Yvan Marcou président de la société des membres de l’Ordre National du Mérite de l’Hérault
Madame Marie Francalanci, vice-présidente de l’ONM
Monsieur le Lieutenant-Colonel Aurélien Manenc, officier du SDIS et Maire de Lunas
Madame Michèle Lernout, Maire de St Gely-du-Fesc,
Monsieur Jérôme Lopez, Conseiller départemental et Maire de St Mathieu de Tréviers,
Monsieur Eric Bascou Maire de Teyran,
Monsieur le Professeur Thierry Lavabre Bertrand, vice doyen de la faculté de médecine
Monsieur le Professeur Michel Chammas,
Monsieur le Professeur jean louis Cuq, ancien président de l’université Montpellier 2
Monsieur le Professeur Jacques Aben
Monsieur Philippe Gaillard, Président de la Chambre de la Cour d’appel
Monsieur Serge Constantin, directeur des cliniques du Parc Pic st Loup et St Clément
Madame Gwenola Ster directrice des cliniques Ster
Mais surtout chers amis
Nous excusons, le Président du Conseil Départemental, Monsieur Kleber Mesquida, Le Général Jean-Valéry Letterman, Monsieur le contrôleur général Eric Flores , Monsieur le docteur Bernard Serrou, ancien député, les professeurs Marc Ychou et Kada Klouche
Je suis ce jour particulièrement honorée et fière d’être entourée par vous tous, famille et amis pour cette cérémonie si forte de sens et aussi si émouvante.
C’est en effet avec une très grande émotion que je me présente devant vous, dans cette amphithéâtre illustre, aux côtés de Monsieur le Préfet Jacques Witkowski .
Cette insigne de chevalier dans l’Ordre National du Mérite que vous venez de me remettre m’honore et m’oblige.
Ce 1er janvier 2021, à l’annonce des noms de la promotion, réveillée par le message de félicitations de Madame Danièle Aben je n’ai dans un premier temps pas réalisé. Et vous avez pris le temps de m’appeler ce matin-là Monsieur le Préfet pour me féliciter.
Au cours de ses deux ans, vous avez été un Préfet unanimement respecté et reconnu pour vos qualités humaines et professionnelles, votre engagement quotidien, valeurs que vous portez depuis votre corps d’origine, la gendarmerie.
Je voudrais vous remercier, très sincèrement et au nom de nombre de mes collègues présents et de ceux qui n’ont pu se joindre à nous, pour tout le soutien que vous nous avez apporté ses deux dernières années. Nous avons fait connaissance dès votre arrivée en août 2019 un soir d’incendie sur la commune de Saint Clément de rivière, un de ces feux estivaux qui nous font craindre le pire. Vous avez été là, immédiatement sur le terrain, en soutien, avec votre force tranquille. Nous avons eu le privilège ensuite de nous revoir dans de meilleures circonstances, et avons eu le plaisir de faire la connaissance de votre délicieuse épouse. Les échanges ont toujours été spontanés, directs, chaleureux. Nous avons conversé, confronté nos points de vue, en toute franchise et sympathie de ces moments qui préludent à l’amitié. Je vous en remercie infiniment, j’en suis très honorée. La confiance que vous m’avez accordée me porte et votre présence à tous deux à quelques heures de votre départ me touche profondément.
Vous m’avez fait ce très grand honneur de demander à ce que je puisse être admise dans l’Ordre National du Mérite, d’être mon parrain et de m’en remettre aujourd’hui les insignes. Dans la plus grande confidentialité vous avez œuvré à rendre possible cette distinction et je vous en suis infiniment reconnaissante.
Votre présence à tous, famille, confrères et amis, en ces lieux m’honore et je souhaite remercier pour leur amour et leur soutien sans faille mon très cher époux le Professeur Jean Paul Cristol et nos 4 merveilleux enfants Pauline, Raphaël, Augustin et Joséphine. Vous êtes le fondement même de ma vie. Chacun de vous présents ce jour m’a apporté amour amitié et soutien. Je remercie mes parents qui ont toujours cru en moi, m’ont soutenu et poussé lors de mes études, dans ma vie professionnelle et dans mes engagements publics, et mes sœurs, Nathalie et Laetitia, mes proches, soignants et élus, mes amis de toujours .
Cette nomination m’a été attribuée au titre du ministère des solidarités et de la santé. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’être reçue dans cet ordre, ici, à la faculté de médecine, dans cet amphithéâtre, que j’ai fréquenté où j’ai appris mon métier. Je vous remercie infiniment Monsieur le Doyen d’avoir rendu cela possible. Nous sommes au sein d’un illustre amphithéâtre, le « Theatrum Anatomicum » le symbole de notre Faculté de médecine mondialement connue et dont nous avons fêté les 800 ans cette année, et apprécié la brillante évocation historique du Professeur Thierry Lavabre Bertrand. C’est en ces lieux célèbres, au cœur de la plus ancienne école universitaire de médecine du monde en exercice, reconnue pour la qualité de son enseignement, que j’ai eu le plaisir, comme nombre de mes amis dans cette assemblée, de bénéficier de l’enseignement de nos Maîtres. Tout en rendant hommage aux plus illustres d’entre eux, je me souviens avec émotion de mon très cher Grand-Père, le Professeur Auguste Louis Loubatières, académicien, et son ami le Professeur Paul Cristol qui tous deux ont enseigné en ces lieux.
C’est dans cette faculté que nous avons bénéficié de l’approche de la bioéthique illustrée dès nos premiers maîtres, dès François Rabelais quand il proclamait « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette pensée est toujours et plus que jamais d’actualité, réconcilier avancées scientifiques et acceptabilité morale.
C’est bien ici que suivant l’exemple de nos ainés, qu’alors jeunes et naïfs nous avons franchi les portes de cette université pour étape après étape apprendre avec enthousiasme la physiologie, l’anatomie, la biochimie, avant d’aborder les maladies et leurs conséquences.
L’apprentissage de la médecine est une véritable leçon de vie. L’apprentissage de la force de notre existence mais aussi de sa fragilité et de l’inexorable passage du temps. Le sentiment qui nous est donné de vouloir vivre intensément plus et encore.
Au cours de mes études, de mes stages et de mes premières expériences professionnelles, j’ai choisi la gériatrie, que j’exerce toujours comme praticien des centres anticancéreux. L’écoute, l’empathie, l’accompagnement caractérisent cet engagement, cette spécialité pour laquelle la recherche du « syndrome de fragilité », la détection des personnes vulnérables est notre mission au quotidien.
André Malraux a dit : « il faut ajouter de la vie aux années, pas des années à la vie ». Et c’est ce qui nous guide en gériatrie, d’autant plus à l’ICM, d’autant plus en soins de support.
Notre quotidien, en oncogériatrie, est certes le processus décisionnel et opérationnel de la prise en charge de la maladie cancéreuse chez ces patients âgés mais il est aussi et surtout la mise en place d’un plan de soins de support dont l’objectif principal est d’apporter de la qualité de vie.
Lorsque j’ai débuté, avec certains d’entre vous dans les années 1990, nous ne traitions pas, ou peu, les personnes âgées de plus de 65 ans. La peur du traitement chez une personne fragile, la question permanente de « est-ce vraiment raisonnable, à cet âge ..» étaient toujours présente.
Aujourd’hui, tout cela nous semble si loin, surtout maintenant que nous-même avons avancé en âge... C’est le Docteur Gilles Romieu, alors que je travaillais dans son secteur, qui avait accepté ma demande de créer une consultation spécifique pour les personnes âgées. J’avais basé cette demande sur mes séjours à Sherbrooke au Québec, au sein de l’hôpital gérontologique spécialisé dans la prise en charge des aidants familiaux des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, et à Tampa en Floride, au Moffit Cancer Center au sein du centre de référence mondial de l’oncogériatrie où j’avais tant appris. Cette consultation est ensuite devenue pérenne puis s’est progressivement structurée avant aujourd’hui de faire partie intégrale de la prise en charge au quotidien à l’ICM.
Nous sommes à un tournant sociétal, l’avancée en âge s’accompagne aujourd’hui d’un vrai défi , vivre plus longtemps certes mais vivre mieux, et surtout prendre conscience de la chance qui nous a été donnée de vivre tout simplement.
C’est ce même engagement que nous retrouvons, dans la médecine et dans la vie publique :
Celui de donner, sans compter, du temps aux autres, sans d’autre motivation que celle d’apporter de la bienveillance de recentrer l’humain au cœur de notre engagement toujours et en tout temps.
Mes amis élus, maires, adjoints, conseillers départementaux et municipaux, avec qui je partage ma double vie , ont aussi porté cet engagement de première ligne auprès de nos concitoyens pendant cette pandémie afin de protéger nos concitoyens et de surmonter ces différentes vagues.
Le défi initial dès mars 2020 avait été de mettre en sécurité les habitants : limiter la propagation virale, mettre en œuvre le protocole sanitaire, soutenir et aider les personnes isolées. C’est grâce à l’implication et l’engagement au sein de notre cellule de veille sanitaire, des élus, agents, et bénévoles que nous avons pu limiter la propagation du virus dans nos communes. Beaucoup se sont mobilisés autour de nous pour rassurer, aider, apporter les produits de première nécessité aux personnes isolées ou fragiles.
Puis, lors de la seconde vague, est venu le temps du déploiement des tests antigéniques permettant un diagnostic accessible pour tous. Là encore, la municipalité a accompagné le déploiement dans nos pharmacies des filières de prélèvements et d’analyses.
Enfin, en ce début d’année 2021 est venu l’espoir de la vaccination. Dans cette nouvelle étape, pour ce nouveau challenge, avec le soutien de tous, professionnels de santé libéraux, cliniques présentes sur notre territoire, personnel municipal, notre commune a su ouvrir très rapidement un centre local de vaccination à vocation territoriale.
Pour nos équipes municipales, le défi était bien de s’adapter à la crise, de répondre à l’exigence sanitaire éditée par l’état et de s’inscrire dans la continuité des actions de santé publique initiées par les hôpitaux et le monde de la santé.
Je me souviens qu’au décours d’un de vos discours, Monsieur le Préfet, vous avez souligné que tous ceux que vous avez décorés précisent qu’ils ne s’en sentent pas dignes. C’est bien ce sentiment que j’ai éprouvé non par fausse modestie mais bien par le sentiment que beaucoup, par leur travail et leur implication quotidienne auprès des autres le mériteraient tellement plus que moi.
En médecine, nombre ont le même engagement, la même passion et méritent cette distinction tout autant si ce n’est plus que moi, certains sont là aujourd’hui; mes amis soignants, comme Pierre, Virginie, Michel, Vincent, Thierry, Thibault, Françoise, Serge, Jean Paul et Raphaël ... Tous ceux qui ont été, sont et seront en première ligne tous les jours de notre existence, dans leur activité quotidienne de réanimation, de chirurgie, de néphrologie, de soins palliatifs, de nutrition, d’exploration et de cancérologie. Pour nous tous, pour vous tous, la pandémie a augmenté la charge de travail et la charge affective pendant ces 15 mois.
Maires et élus, Michèle, Jérôme, Eric, Aurélien, Jérôme, Rachèle, Francine, Jean-Louis, Emmanuel, Françoise, et Maurice, vous avec qui j’ai partagé ces mois de vie publique, vous portez au plus haut la vision de la « Res Publica », la vie politique au sens noble du terme, faite de dévouement et de don aux autres, l’’intérêt de la chose publique, de servir l’intérêt général, de contribuer au bien commun, de prendre soins des autres. Cette ambition qui peut paraitre naïve, désuète et même idéaliste nous anime pourtant jour après jour. Cette ambition nous la partageons avec les sapeurs-pompiers du SDIS toujours présents qui nous ont accompagnés en parfaite harmonie et concertation avec les forces de gendarmerie.
Nous tous, médecins et politiques locaux, unissant nos efforts, nous avons surmonté ces vagues successives, et surtout nous avons poursuivi notre engagement citoyen au service de tous, nous avons affirmé notre solidarité pour guérir la souffrance d’autrui sans aucune discrimination, sans autre but que d’y croire toujours, en toute humilité.
Cette humanité, Monsieur le Préfet, vous en avez fait votre.
C’est cette même humanité que nous partageons dans nos missions de soins et nos engagements d’élus,
C’est cette même humanité que nous souhaitons porter pour être digne de l’ordre national du mérite qui m’accueille aujourd’hui.
Merci infiniment