Ce journaliste a été l’initiateur de la Flamme du souvenir, dont on célèbre le centenaire cette année. Elle brûle sans discontinuer depuis 1923 sur la tombe du Soldat inconnu, au pied de l’Arc de triomphe.
Souvignargues, un village gardois de 883 habitants situé à 25 kilomètres de Nîmes, a connu rarement autant d’animation. Autour des 26 drapeaux, il était à remarquer la présence des représentants des association patriotiques locales et d'un très nombreux public. Toutefois, des évènements localement récents comme l'analyse politique de l'action de Boissy après la dernière guerre, ont retenu les autorités nationales et régionales programmées pour participer à cette cérémonie organisée au cimetière, accompagnées du préfet du Gard.
L’aréopage devait honorer la mémoire d’un défunt tombé dans l’oubli, Gabriel Boissy. Ce journaliste et poète, décédé en 1949, est enterré dans la commune gardoise dont était originaire son épouse. Après la Première Guerre mondiale, à laquelle il a participé dans l’infanterie, il a eu l’idée de créer la Flamme du souvenir, qui brûle depuis cent ans sur la tombe du soldat inconnu, installée en 1920 au pied de l’Arc de triomphe en haut des Champs-Élysées à Paris.
Son ambition était de rappeler « le sacrifice et le souvenir des soldats » de la Grande Guerre, par « un acte symbolique », souligne l’association Le Souvenir français, créée à l’origine pour entretenir la mémoire de la guerre de 1870. « La Flamme, comme un feu follet, jaillira du sol, explique alors Gabriel Boissy. Elle sera vraiment comme l’âme du Mort résurgente. Elle palpitera, elle veillera. (…) Sa palpitation atteindra ce haut résultat de contraindre tous les passants à une seconde de recueillement. Cette seconde les incitera à un rapide examen de conscience, à ce rappel des vertus nécessaires lorsque le devoir, l’honneur ou la simple nécessité nous appellent. »
Son projet a reçu « immédiatement l’approbation enthousiaste de l’opinion publique » et le « soutien » d’André Maginot, ministre de la guerre, indique le site Internet de l’Arc de triomphe. La flamme a été allumée pour la première fois le 11 novembre 1923 et ne s’est jamais éteinte depuis, étant ravivée chaque soir.
Passionné de théâtre – il fut critique et traducteur – Gabriel Boissy a notamment travaillé pour la revue Comoedia et pour L’Intransigeant, un quotidien nationaliste de droite. Proche de l’Action française selon l’historien Jean-Yves Le Naour (1), il avait déjà mené campagne en 1920 pour que le soldat inconnu soit inhumé sous l’Arc de triomphe plutôt qu’au Panthéon. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été placé sur la « liste noire » des auteurs jugés indésirables par le Comité national des écrivains, un organe issu de la Résistance. Mais il n’a pas été condamné pour de quelconques faits de collaboration avec l’occupant allemand.
Gabriel Boissy a fini sa vie à Biot, dans les Alpes-Maritimes. Avant de s’éteindre, il a fait don de ses milliers de livres à la bibliothèque municipale d’Aix-en-Provence qui possède aujourd’hui un fonds à son nom. L’existence de sa sépulture à Souvignargues est longtemps restée ignorée. Elle a été redécouverte en 2011, lors d’une cérémonie commémorative de l’armistice de 1918 par Daniel Tamagni, un porte-drapeau de l’Union des blessés de la Face, les Gueules cassées, qui l’a fait rénover. Depuis, chaque année, une cérémonie y est organisée.
En marge de cette cérémonie, Nathalie Nicaud, compagnon de la section de l'Hérault, soprano de l'association Montpellier Diva a tenu une conférence sur le thème" Les femmes d'exception pendant la grande guerre", accompagnée au piano.
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