Samedi 11 mars 2023 - Montpellier

Plus d’une fois, la France a été frappée en son cœur par des actes terroristes. Depuis 2012, ces attentats ont causé la mort de 271 personnes et fait près de 1 200 blessés.

Ce bilan, déjà très lourd, aurait pu être bien pire encore. Nos services de sécurité ont en effet déjoué 71 attentats en 10 ans.

Les hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie, où qui ont été mutilés dans leur chair, traumatisés par l’horreur, ont été tous, sans exception, les victimes d’une seule et même idéologie mortifère : l’islamisme radical.

Au nom d’une religion dévoyée, d’un système théologique nourri de frustrations, de haines et de volonté d’asservissement de l’homme et surtout de la femme, on détruit, on fusille ou on décapite. Rares sont les continents épargnés.

Face à ces drames, la Nation toute entière, tant de fois endeuillée, a décidé solennellement de consacrer une journée, le 11 mars, au souvenir des victimes du terrorisme.

Partout en France, dans les grandes Métropoles comme les petites villes de nos provinces, les autorités publiques se rassemblent, avec les associations et l’ensemble de nos concitoyens, pour se recueillir. Pour proclamer haut et fort que chacun des noms de toutes celles et ceux dont la vie a été brisée à Paris, Toulouse, Montauban, Nice, Strasbourg, Trèbes ou Saint-Etienne du Rouvray, resteront dans notre mémoire nationale. Que jamais nous ne les oublierons.

D’abord, se souvenir, donc. Mais cela ne suffit pas. Le peuple Français, qui a traversé tant d’épreuves, connut au cours des siècles tant de défaites, d’humiliations, mais aussi de moments glorieux, ne peut se résigner à la seule politique de la « Marche blanche ».

La première réaction doit être de proclamer haut et fort ce pourquoi nous vivons et nous nous battons. Dans l’un des passages les plus célèbres de La Guerre du Péloponnèse, Thucydide rapporte l’oraison funèbre prononcée par Périclès en hommage aux premiers soldats athéniens morts.

Avant de s’attacher à faire l’éloge de ces victimes, il rappelle les enjeux de civilisation de la guerre. En d’autres termes, ce que le monde méditerranéen de l’époque devait à Athènes et ce qu’elle avait pour mission devant l’Histoire de défendre : la démocratie, la libre participation à la vie publique, l’égalité devant la loi et une certaine idée de la culture et de la vie.

Depuis le Ve siècle avant notre ère, notre modèle démocratique s’est perfectionné. On pourrait ajouter à cette première liste, de nombreuses autres valeurs jugées aujourd’hui essentielles : les libertés de la pensée ou l’égalité entre les hommes et les femmes.

Je n’ai naturellement pas choisi ces exemples au hasard. Car ces valeurs nous sont autant essentielles, qu’elles révoltent et insupportent ceux qui nous combattent.

A la façon des Athéniens, nous Français, héritiers de cette longue tradition occidentale, avons également un devoir devant l’Histoire. Nous avons commis, certes, nous aussi, notre lot d’erreurs, de monstruosités même, mais nous avons également apporté à notre monde des sources de lumière, de bonheur et d’espérance dont nous pouvons nous montrer fiers.

Reconnaître ainsi la possibilité donnée à chacun de déterminer par lui-même ce qu’il croit vrai dans quelques domaines que ce soit, y compris en religion, et de partager ses idées avec les autres. Combien d’hommes et de femmes, dans notre pays, sont déjà morts pour cette noble cause ? Combien ont tout sacrifié, hier encore, pour pouvoir jouir et protéger de cette liberté d’opinion et de conscience qui n’est rien, rappelons-le, sans la liberté qui l’accompagne, de communiquer et publier ?

N’ayons pas peur d’appeler « barbares » ceux qui égorgent et décapitent les journalistes, dessinateurs, écrivains, ceux qui choisissent de ne pas croire ou de ne plus croire, de critiquer et même, de se moquer.

De même, n’ayons pas peur de rejeter et de combattre ceux qui prétendent asservir un peu moins de la moitié de l’humanité… pour le simple fait d’être né femme.

Les terroristes islamistes qui nous frappent et leurs frères en idéologies, qui ont parfois réussi à se hisser au pouvoir dans plusieurs régions du monde, font en vérité beaucoup plus que méconnaître le principe d’égalité entre les sexes. Au nom de leur théologie politique, parfois réduite à un simple abécédaire, ils construisent chez eux et cherchent à promouvoir chez nous, un modèle social alternatif et, disons-le franchement, carrément ségrégationniste.

Je regrette pour ma part qu’on ne le dise pas, ou pas assez clairement : s’il faut en finir avec l’islamisme dans le monde, comme en France, c’est notamment parce qu’il n’est moralement pas acceptable de tolérer l’existence d’une idéologie reposant principalement sur un « apartheid des genres ».

Pour toutes ces raisons, nous devons résister et combattre de toutes nos forces. Nous montrer fiers de nos valeurs, celles justement au nom desquelles nos concitoyens, auxquels nous rendons hommage aujourd’hui, ont été lâchement exécutés et pour lesquelles, certains d’entre eux, ont donné leur vie.

Pour la Liberté, pour l’Egalité et la Fraternité.

Alors n’ayons pas peur d’être partiaux, de nous conduire en partisans pour la liberté. La neutralité n’a pas sa place dans le combat qui nous oppose à la barbarie et au nihilisme.

Vive la République,

Vive la France !